27 juillet On se lève à 8 h, il fait déjà chaud! Notre but aujourd’hui, se rendre le plus loin possible et idéalement avoir de la réception cellulaire. Demain, nous prendrons la journée «off», car on annonce des orages. Aujourd’hui par contre la journée est magnifique et très chaude, vers midi on arrête pour dîner et pour une petite baignade au grand plaisir de Mali! En après-midi nous avons pagayé tellement longtemps que nous sommes presque arrivés à Fort France. Nous décidons alors de chercher une place où camper, nous trouvons une petite île qui nous semble parfaite pour y passer une journée de congé, par contre peut-être pas l’idéal en ce qui concerne les vents… 28 juillet 28 juillet Bon, à date, les vents nous en ont fait voir de toutes les couleurs durant notre expé, donc on se prépare convenablement, tente très bien ancrée et bâche en guise de mur protecteur. Mais vers trois heures du matin, le vent frappe dur, la tente et la bâche tiennent, mais moi et Ben sommes incapables de dormir (Mali lui dort bien dur!). Donc vers 6 h nous décidons de quitter l’île avant que la pluie se mette de la partie. Nous traversons la rivière pour nous réfugier à l’abri dans une péninsule. Nous trouvons un endroit à l’abri du vent, nous installons la tente et faisons une petite sieste question de récupérer de la nuit de mard... En après-midi la pluie cesse et le soleil nous fait même un petit coucou, ça n’en prenait pas plus pour que notre petite grenouille saute à l’eau! En début de soirée Benoit et Mali pêchent et attrapent un brochet pour le souper. Nous avons un petit spot pour le feu, installé au bout d’une petite pointe de rocher, c’est le seul endroit qui nous semblait sécuritaire pour faire un feu, mais peu pratique pour y faire à manger. Malgré tout on s’en sort avec un bon souper. Après je vais relaxer dans la tente alors que Mali et Benoit vont regarder une émission sur le iPad avec vue sur la rivière. Durant la nuit, le vent souffle fort, nous sommes à l’abri et bien installés, mais le sommeil n’est pas au rendez-vous. 29 juillet Le vent souffle encore très fort, nous décidons de rester ici une journée de plus. Journée plate… faut dire que le site que nous avons n’est pas rêvé. On se couche tôt en espérant pouvoir partir tôt le lendemain. 30 juillet On se rend compte que la vie de nomade nous va très bien et que nous avons de la difficulté à rester à la même place plus d’une journée. Le vent est un peu plus calme aujourd’hui, on décolle! Le vent est parfait pour utiliser la voile, on surf donc une bonne partie de la journée. Sur Rainy lake on voit pour la première fois des bateaux maison, ça ressemble drôlement à des Wanabago qui flottes! En après-midi on arrive sur la partie large du lac et le vent souffle de plus en plus fort. Quoique nous avons toujours le vent dans le dos, nous décidons de nous rapprocher de la rive. Mais plus on se rapproche et plus on ne voit que des parois rocheuses, aucun moyen de sortir de l’eau. Le vent nous fouette, les vagues sont vraiment grosses et très difficiles à prendre. Les vagues viennent de tous les cotés, j’ai peur à l’idée de chavirer! Pour la première fois de l’expé, nous nous retrouvons dans une situation quelque peu dangereuse. S’il fallait qu’on chavire, les vagues nous pousseraient sur les parois rocheuses ce qui est extrêmement dangereux! Pendant tout ce temps je suis toujours en train de tenir la voile avec mon corps très crispé. Je souhaiterais pagayer, mais Benoit veut que nous gardions la voile question de sortir d’ici au plus vite. Pendant ce temps, Mali est bien installé dans son petit cockpit et il ne dit pas un mot, de toute évidence il sent notre stress. Finalement nous arrivons dans une petite baie et décidons d’arrêter et de passer la nuit ici malgré le fait qu’il y ait déjà un bateau maison installé. Une fois de plus, ce fut la plus grande frousse que j’ai eue à date, est-ce que ce sera la dernière… Ben et moi sommes épuisés physiquement et mentalement. On se campe sur un petit cap de roche et on va se coucher tôt.
1er août Ce matin, on réussit à être prêt à partir en dedans d’une heure, notre meilleur temps à date! Nous avons une belle journée avec parfois du bon vent de dos qui nous permet de sortir notre voile, on ne se tanne tout simplement pas de notre voile, un vrai petit plaisir! Les paysages sont magnifiques, rétrécissement de la rivière, parois rocheuses et gros lac. On arrive à un premier portage où il y a possibilité d’utiliser un système sur rail pour transporter notre bateau au prochain lac. Quoique se soit en général pour les bateaux à moteur, on a tellement de portages à venir que si on peut se sauver d’un portage, on va payer le 20$ pour le portage sur rail! Un peu plus loin, un autre portage sur rail, c’est notre journée chanceuse! De l’autre côté du portage, nous arrivons sur le lac à la Croix, nous décidons de camper sur une magnifique pointe, à date notre plus beau site de campement! Alors que nous montons la tente, nous décidons d’installer la bâche de façon à faire un mur contre le vent, qui souffle toujours assez fort. Nous passons une superbe soirée autour du feu avec un magnifique coucher de soleil. Par contre, pendant la nuit mère Nature a décidé de se déchainer intense. Orage, tonnerre, éclairs au trois secondes et vent déchainé. Une chance qu’on a mis la bâche pour nous protéger du vent, car je ne crois pas que la tente aurait supporté ces vents. J’ai même cru pendant un moment que la bâche allait arracher, c’était sérieusement intense. Je tremblais comme une feuille dans mon sac de couchage, Benoit n’arrêtait pas de me dire, il n’y a pas de danger, tous va bien. Ma peur était tout simplement irrationnelle, je voulais juste que ça finisse! Pendant ce temps, Mali dormait dur comme une roche, il n’a pas eu connaissance de la furie de mère Nature. Heureusement, le gros de l’orage a peut-être duré 30 minutes. Un long 30 minutes! Le reste de la nuit fut relativement calme et nous avons pu nous rendormir. 2 août À partir du lac à la Croix, nous entrons dans le «Boundary waters» ce qui veut dire qu’à notre droite c’est le Canada et à gauche ce son les États-Unis. Donc aujourd’hui, on se tape une autre bonne journée avec un portage vers la fin. On réalise vite que se trouver un site de campement ne sera pas facile. Le «Boundary waters» est très populaire auprès des canoteurs, c’est la première fois du voyage que nous rencontrons autant de pagayeurs, au début nous en étions ravis, mais quand vient le temps de se trouver un site de campement c’est moins drôle… Sur le «Boundary waters», que nous campions côté Canadien ou Américain, il y a des sites désignés et il est interdit de camper dans le bush! Ce soir, on a de la difficulté à trouver un site, ils sont tous pris. Je suis fatiguée, je veux arrêter, mais aucun site en vue. Mère Nature commence à faire des caprices, il vente et il y a de gros nuages gris, il faut se mettre à l’abri. Nous rencontrons deux gars qui nous font part d’un site pas trop loin, mais le problème, ce n’est pas sur notre chemin. Ben décide de pousser un peu plus loin où nous trouvons finalement un spot de camping, pas le plus beau, mais ça fera. 3 août Une autre journée nuageuse avec un peu de vent, j’ai hâte que la chaleur revienne. Aujourd’hui, on fait une longue journée avec plusieurs portages. Le dernier portage fût le plus dur, «The Horse Shoe portage» 1.5km. Donc la chose à savoir du «Boundary waters» est qu’il est interdit d’utiliser Rambo, notre kart à canot et de toute façon les sentiers ne sont pas super. Donc, 1.5km de portage avec environ 500 livres d’équipement à transporter à deux adulte égale deux aller-retour chacun, 3-3.5km avec beaucoup de poids sur le dos! Ben m’impressionne tellement, il court avec le canot! Ça doit peser pas loin de 100 livres avec la jupette. Sans trop m’en rendre compte, je me mets beaucoup de pression pour performer durant les portages, je prends beaucoup de poids sur mon dos, parfois trop et je me pousse au point d’avoir mal, d’être fâchée et déçue de moi-même. Alors que Benoit se surpasse et ressent de la fierté à la fin d’un portage, moi, je suis fâchée, je trouve ça dur et je ne ressens aucun sentiment de fierté. Donc pour un portage de 1.5km, ça nous a pris 2 h 30… je pense au Grand Portage de 14km à la fin du «Boundary Waters» et j’ai peur. À la fin du portage, nous rencontrons deux Americains qui nous font part d’un site de campement non loin de là. Nous y passons la nuit et dormons très bien. 4 août C’est un matin à dormir plus tard et la pluie me rend bougonne. Heureusement une fois sur l’eau la pluie cesse. Encore fatigués de notre longue journée d’hier on prend ça un petit peu plus mollo aujourd’hui, avec seulement 1 portage et en plus avec l’option de se faire traverser sur une plateforme tirée par un pick-up pour 15$, its a deal! Une fois traversés, nous commençons à chercher un site de campement, malheureusement ils sont tous occupés. Nous continuons plus loin en espérant trouver un site vacant. Nous finissons par faire la rencontre de deux rangers américains avec qui on jase un peu. Ensuite on continue et finissons par nous installer sur une ile du côté USA où nous avons techniquement pas le droit de camper… 5 août Une belle journée fraiche avec un peu de vent, parfait! Une autre longue journée nous attend, nous voudrions nous rendre à «Gunflit Lodge» demain, car on annonce de la mauvaise météo pour les prochains jours. Donc à 9 h nous sommes l’eau, 11 h 30 on s’arrête déjà pour diner, on a faim! Alors que nous dinons et que Mali fait une petite trempette dans l’eau comme à l’habitude, un couple à canot passe près de nous et arrête pour nous jaser. Ils remarquent que notre canot est particulièrement bien équipé et ils nous demandent où nous allons. Montréal, bien sûr notre réponse les jeta par terre! Quelques minutes plus tard, nous finissons par pagayer une demi-heure avec eux avant de les quitter et continuer notre chemin. Nous continuons notre longue journée jusqu’au lac Zephir juste avant le grand lac de Saganaga. Nous trouvons un beau site du côté canadien et y passons une bonne nuit. 6 août Le but du jour: se rendre à «Gunflit Lodge». C’est encore loin et plusieurs portages en vue et tout ça avant que les orages de soirée nous rattrapent. Donc selon ce que Ben voit sur nos cartes et GPS nous devrions avoir 5 portages… Erreur! Nous avons fini par faire 7 portages tous assez petit en plus d’avoir halé le bateau 3 fois! Après le dernier portage, on se croisait les doigts pour ne pas tomber sur un autre portage surprise. Le moral est bon malgré toutes les embuches, la pluie commence, une fois «Magnetic lac» traversé, nous arrivons à «Gunflit Lodge». Nous pagayons fort sous la pluie en entrevoyant les lumières de «Gunflit Lodge». On espère vraiment fort qu’ils auront une place pour nous. 20 h nous arrivons à «Gunflit Lodge» où nous sommes accueillis par Jake le dock boy. Heureusement, il reste une petite cabine de bois pour nous, ouf! Nous réservons pour 3 jours, nous méritons un peu de repos. Après être allés porter nos choses dans notre cabine, on s’empresse d’aller au restaurant du Lodge, on meurt de faim et on a hâte de prendre une bière, on le mérite bien! 7 août Mali et Benoit se lèvent à 8 h et vont déjeuner au resto du Lodge. Moi je suis un peu amochée, la bière d’hier a fini par être 3… 4…bières. Malgré tout 8 :15 je ne m’endors plus donc je vais rejoindre mes hommes au resto. Ben et Mali se sont inscrits à une activité de marche d’interprétation dans le bois à 9 h organisée par le Lodge. «Gunflit Lodge» organise une tonne d’activités à chaque jour, gratuit, comme aller à la pêche avec un guide, promenade en ponton, marche guidée et activités pour enfants seulement. Pendant que je suis seule, j’en profite pour faire le ménage dans nos choses et faire sécher quelques trucs. Le reste de la journée est relaxe quoique Mali soit très énervé et peu réceptif. En soirée, on retourne au resto pour un autre bon souper. On se paye la traite rien de moi 8 août Journée lavage! Alors que Mali va a une activité kids only à 9 h, moi et Ben en profitons pour faire le ménage dans nos choses. Je fais plusieurs aller-retour à la buanderie et lorsque je reviens à notre cabine, Ben commence à paniquer et me dit; je ne trouve pas la GoPro! Bin voyons ça disparait pas comme ça une GoPro, c’est le bordel, je suis sûre qu’on va la retrouver… eh bien non! On a perdu la Gopro, on a de la difficulté à y croire, on a perdu la Gopro! On essaie de réfléchir où nous aurions pu l’oublier et soudainement Ben dit, je pense que je l’ai mis par terre lors d’un de nos derniers portages et je l’ai oubliée là. Les chances qu’on la retrouve sont nulles, on est tristes de l’avoir perdue, mais surtout d’avoir perdu des heures de vidéo irremplaçable. Nous décidons d’aller diner et de nous prendre une tite bière pour décompresser. Alors que nous sommes assis à notre table avec une tête d’enterrement, nous voyons nos deux amis américains que nous avions croisés il y a quelques jours. Jim et Ali s’assoient avec nous pour le diner, ça nous change les idées, en plus ils sont très sympathiques. Après le diner ils repartent sur l’eau pour aller camper un peu plus loin. De mon côté, je me suis booké un massage et mon dieu que ça fait du bien! En après-midi Mali revient, tout le monde est bien content de se revoir, c’était quand même la première fois que la famille se séparait depuis le début du voyage. Mali est allé pêcher pendant 2 heures avec un guide, ils n’ont rien attrapé, mais Mali a beaucoup aimé. En soirée, pour le souper nous allons au resto (encore) et moi et Ben on prend un autre verre question d’oublier la Gopro, on n’en revient toujours pas! 9 août Dernier petit déjeuner au «Red Paddle» le resto de Gunflit Lodge. À 10 h nous sommes prêts à partir, la journée est belle et chaude. On prend la journée relaxe, on a encore de travers la perte de notre Gopro. Nous avons 3 petits portages dont un surprise. On se rend donc jusqu’à Rose lake et y passons la nuit. Nous sommes tous proches d’un portage avec lequel nous débuterons la journée demain. 10 Août 100 jours d’expé! On se fait réveiller par un écureuil en furie qui lance des cocottes sur notre tente et bâche. Faut croire que la petite bête n’était pas contente de nous voir là ce matin. Les cocottes ont gommé la bâche et un peu la tente, ça ne se nettoie pas très bien… On commence donc la journée avec un portage de 3.5km, notre plus long à date. Au début, on pensait utiliser Rambo, notre kart, mais malheureusement l’état du sentier ne permet pas de l’utiliser. Donc 3.5km de portage à bras nous prend 5 h. Je n’ose même pas imaginer combien de temps le Grand Portage de 14km va nous prendre… 11 août 9 h nous sommes sur l’eau. Un peu plus loin nous croisons nos amis Jim et Ali. Ils nous font signe de leur site de campement. Nous allons les voir et jasons un peu. Nous leurs laissons savoir que les groupes de jeunes que nous avons croisés depuis quelque jours s’en vont tous camper sur Fowl lake, donc plus de place pour nous. On dit au revoir à Jim et Ali, mais en sachant très bien que nous allons probablement les croiser plus tard dans la journée. On continue notre route et faisons quelques petits portages. La routine des portages est bien installée, nous sommes plus efficaces donc un peu plus rapides. Quelques heures plus tard, Jim et Ali nous rejoignent. Contrairement à nous, ils sont ultra légers, canot de kevlar et un sac à dos chacun, ils sont rapides, pas nous… On suggère à Jim et Ali de partager un site de campement ce soir, car ils risquent de se faire rares avec tous les groupes qu’il y a. Jim et Ali arrêtent diner alors que nous continuons. Vers 16 h nous trouvons un site de campement sur Moose lake juste avant Fowl lake. Jim et Ali viennent nous rejoindre et s’installent avec nous pour la nuit. Outre nos amis Gaétan et Roger avec qui nous avons pagayé sur la rivière Saskatchewan c’est la deuxième fois que nous partageons notre site de campement et ce fut toujours très agréable. Ben, Jim et Mali partent pêcher alors que moi et Ali prenons le temps de jaser un peu. Ali, cette petite femme pleine d’audace et toute simple m’inspire, je passe un très bon moment en sa compagnie. Encore une fois je me rends compte de la richesse des rencontres que nous faisons durant notre voyage, et quelle chance nous avons! Un peu plus tard, les hommes reviennent avec plusieurs poissons et on se fait un super festin et on veille sur le bord du feu jusqu’à 23 h, on est fou! 12 août On se lève tôt, mais prenons tout de même le temps de déjeuner avec Jim et Ali. Le temps de partir arrive, on leur dit au revoir, cette fois-ci nous ne pensons pas nous revoir. Jim et Ali furent notre coup de cœur du «Boundary Waters»! De retour sur l’eau, direction Pidgeon river, nous traversons North et South Fowl lake et arrivons à un portage. Avant de portager, moi et Mali prenons le temps de diner alors que Ben va en éclaireur voir le portage de 1.8km qui nous attend. Nous prenons 3 heures pour faire le portage et tout se passe bien, ce qui me met en confiance pour le Grand Portage qui arrive dangereusement vite. Avant de retourner dans le canot, on fait une petite trempette, car il fait particulièrement chaud. Nous sommes excités d’enfin pagayer sur une rivière et surtout de descendre le courant et potentiellement avoir des rapides… eh bien non, oui la rivière descendait, mais peu de courant et les rapides ce sont avérés être très gratte-cailloux. Pauvre Alberto, notre canot y a laissé de la peinture rouge sur les roches de la rivière, j’avais mal pour lui. La Pidgeon river nous semble longue et sinueuse. Malgré tout nous finissons par atteindre le camping du Grand Portage. Je suis heureuse, mais très nerveuse, le moment le plus de dur de tout l’expé n’est plus qu’à quelques heures de nous. Nous nous installons vite question d’aller se coucher tôt, nous aurons besoin de toute notre énergie demain et peut-être même plus… 13 août GRAND PORTAGE! La journée que je redoute depuis le début de l’éxpé, j’ai hâte, mais en même temps je me sens prise au piège, je ne peux pas changer d’idée, j’ai peur! 8 h nous somme levés, en se préparant nous voyons les premiers groupes de jeunes arriver, il y aura au total 50 jeunes qui feront le portage. Il y a de la fébrilité dans l’air, tous ont hâte d’affronter ce monstre. 8 h 30 nous sommes prêts, nous nous engageons dans ce qui sera la chose la plus difficile que j’aurai faite de toute ma vie! Alberto est installé sur Rambo bien strappé et prêt à affronter n’importe quoi ou presque… Le premier kilomètre s’avère difficile, le chemin est tapissé de grosses roches et de racines, vraiment pas facile avec Alberto et Rambo. À chaque roche et chaque racine nous devons moi et Ben nous coordonner et lever et pousser le canot en même temps. Il y en a beaucoup des roches et des racines sur 14km de chemin… Entre temps le groupe de 50 jeunes nous passe. Je suis jalouse, ils ne transportent qu’un sac à dos chacun ou un canot, pfff! Nous sommes maintenant seuls au milieu de nulle part, j’ai la gorge serrée et j’ai peur. Il fait extrêmement chaud et pour une des seules fois du voyage il y a des moustiques qui nous compliquent la vie. Après 30 minutes à se battre pour faire avancer Alberto je commence à paniquer, notre progression est minime, nous n’y arriverons pas! 1 heure plus tard, je craque, je suis épuisée, je n’en peux plus et nous avons à peine fait 2 km, je m’effondre et je pleure. J’en veux à Benoit, pourquoi fallait-il faire le Grand Portage, il y avait d’autres options. Je panique, la forêt m’étouffe, j’ai l’impression qu’on n’y arrivera jamais, je veux sortir d’ici au plus vite! Alors que je suis assise par terre à me reposer et reprendre mes esprits, Mali vient me voir, il met sa main sur mon épaule et me dit; ne lâche pas maman, j’ai confiance en toi. Mon petit bout d’homme qui me remonte le moral, quelle inspiration pour moi. À date, il se débrouille comme un champion dans le portage, il ne chiale pas, il semble réaliser l’ampleur de la tâche pour moi et Ben et se compte bien chanceux de transporter que son petit sac à dos. Alors que je bois de l’eau, Ben réalise que nous allons bientôt manquer d’eau… nous sommes pourtant partis avec 8 litres d’eau, mais avec cette chaleur on boit beaucoup. Il nous reste encore plus de la moitié du portage à faire, il faut se rationné jusqu’à ce qu’on trouve un cours d’eau et on n’a aucune idée quand! Il pourrait rien n’y avoir d’ici la fin du portage. Donc Ben et moi nous rationnons, mais hors de question de rationner Mali. L’effort de pousser et lever le canot à chaque roche et/ou racine me semble impossible à soutenir pour encore plusieurs kilomètres. En plus nous avons commencé à voir des petites passerelles de bois dans le sentier. La raison est que le terrain est trop mou pour y marcher, le problème est que la passerelle a environ 30cm de large. Rambo, notre kart à canot est presque deux fois plus large, on ne peut pas l’utiliser sur ces passerelles, mais plus on avance et plus il y en a! Donc nous avons deux options, essayer de rouler le canot à côté de la passerelle ou vider le canot et tout portager à bras jusqu’au bout de la passerelle et recommencer ce processus à toutes les maudines de passerelle! Nous optons pour portager tout notre équipement à bras à presque toutes les passerelles. En après-midi on réussi à faire un bon stretch et on croise une route de terre, je me suis soudainement sentie moins isolée quoi que nous n’ayons pas vu une voiture passer. On prend une pause, pendant ce temps Ben regarde sur le GPS où nous en sommes, à notre grande surprise il ne reste que 6 kilomètres pour atteindre le bout du Grand Portage! Ça nous donne un boost de savoir qu’on va peut-être réussir à sortir d’ici ce soir. Alors on reprend la route avec un regain d’énergie, mais malheureusement ça ne dure pas longtemps… quelques minutes après notre départ, Rambo, notre kart à canot perd des morceaux, dont une vis qui nous est indispensable, c’est la catastrophe! Et bien nous ne l’avons jamais retrouver la vis, Ben et moi sommes retournés sur nos pas et avons cherché partout, nous n’étions pas loin de l’expression chercher une aiguille dans une botte de foin! Finalement Ben trouve une vis que nous avions en notre possession qui était pour la Gopro, et avec un peu (beaucoup) de Duck tape nous avons sauvé Rambo, ouf! Ah oui j’oubliais (il s’est passé beaucoup trop de choses cette journée-là c’est fou!) un peu plus tôt nous avons du passer sur une longue passerelle en bois, mais surélevée, le hic c’est qu’elle était à moitié délabrée et l’autre moitié était une nouvelle construction et ce n’était pas très clair par où passer. Donc nous commençons à portager nos trucs, Ben et Mali partent devant moi. Ben vient me rejoindre pour m’aider, mais lorsqu’il arrive à quelques pas de moi il pile sur un clou rouillé! Il a lâché un de ces cris! Heureusement ,il a vite réagi et n’a pas mis tout son poids, donc il a seulement eu un petit trou non profond sous son pied. On prend une petite pose et hop, Ben reprend le canot sur son dos et on continue. En passant la chaleur est toujours aussi présente et de plus en plus pénible considérant que nous rationnons le niveau d’eau. Un peu plus loin, plus ou moins 3-4 kilomètres de la fin du portage on croise un autre pont court, mais trop étroit pour le canot et le kart. La chaleur est à son pic, il doit faire 35 degrés Celsius avec l’humidex, même les moustiques sont partis se cacher! La bonne nouvelle est que sous le petit pont il y a un petit ruisseau, bon la couleur de l’eau est brunâtre, mais on n’a pas le choix, on filtre et on purifie avec des gouttes de chlore. Pendant que je m’occupe de l’eau, Ben décide de commencer à traverser nos choses de l’autre côté du pont et même d’aller les porter un peu plus loin en haut d’une bonne pente raide. Alors qu’il revient, il me regarde et me dit: je ne me sens pas bien, mes bras vibrent. Il est soudainement devenu blanc et tout faible. La chaleur, le manque d’eau et pousser ses limites physiques dans ce contexte étaient sur le point d’avoir raison de Ben! Malgré que l’eau avait plus ou moins fini d’être purifiée, ça prenait de l’eau tout de suite, Ben but environ 1 litre d’eau en quelques minutes en plus de manger un peu. Pendant qu’il se repose, je vérifie sur notre téléphone si nous avons de la réception, yes! J’appelle les parents de Benoit, le père de Benoit est docteur et j’espère pouvoir lui parler pour lui faire part de comment se sent Ben. Le père de Benoit n’est pas là, mais je parle à Marthe, la mère de Benoit. Pendant ce temps, Benoit commence à se sentir mieux, ce qui me rassure. Après 1 heure de repos pour Benoit, on décide de repartir avec la conviction que nous pouvons finir ce soir, il reste 3 km, il est environ 16 h. Plus on se rapproche de la fin, plus il y a des maudites passerelles en bois qui nous obligent à portager, on commence à être sérieusement fatigués. La noirceur s’installe tranquillement pas vite, à 2 kilomètres de la fin on décide de laisser le canot et quelques gros bagages dans le sentier de portage et de continuer qu’avec nos sacs à dos. Nous arrivons finalement au bout, il fait noir, je suis heureuse et complètement épuisée! On se rend compte que nous avons oublié la tente avec le canot 2 km plus loin… Ben décide d’y retourner seul en courant, pendant ce temps, moi et Mali on est assis dans le bois, dans la noirceur et on entend le tonnerre au loin. La lumière de ma lampe frontale va bientôt mourir… ah, mais on a le iPad, jamais été si contente d’avoir un iPad et Mali aussi. Je dois dire que mon fils m’a particulièrement impressionné, il n’a pas chialé une seule fois, il a travaillé fort comme son père et sa mère, il est incroyable cet enfant, et c’est le mien! Donc au grand plaisir de Mali, je sors le iPad qui nous éclaire un peu et pour une fois je mets le son de son jeu de course Angrybird au max! Environ 45 minutes plus tard, j’entends Ben crier au loin, Magali vient m’aider, mon cœur arrête, je pense qu’il est blessé, je dois laisser Mali seul (avec le iPad!) et vite rejoindre Ben. Il n’est pas blessé, mais a plutôt décidé de ramener beaucoup plus de choses que prévu, c’est hallucinant tout ce qu’il transporte, une machine je vous le jure! Vite je prends quelques sacs et on rejoint Mali. Finalement on trouve un endroit non loin d’une route de terre où installer la tente, le camping est interdit, que j’en vois un qui me dise qu’on n’a pas le droit! On installe, et on crash dans la tente, heureux, fiers et complètement pétés! Malgré la fatigue ultime, pas capable de dormir, trop d’adrénaline. Ben et Mali écoutent l’émission Les Chefs sur le iPad alors que je sommeille à côté. On a réussi, de loin la chose la plus dure que je n’ai jamais faite de ma vie! 14 août
Ben se lève tôt malgré la méga journée d’hier. Il n’aime pas l’idée que le canot soit resté dans le sentier de portage 2 kilomètres plus loin, mais bon, ce n’est pas comme s’il y avait beaucoup de monde qui passe par ici, surtout la nuit! À son retour, il va aux toilettes (dans le bois) et lorsqu’il revient il a une drôle de tête, pas trop l’air heureux. Il m’explique qu’il vient d’aller à la selle et qu’il vient d’évacuer ce qu’il croit être un ver solitaire, 3 mètres de long! (désolée pour les cœurs sensibles!) J’avoue que j’étais étonnée et j’ai un peu ri… Benoit était ébranlé, il n’en revenait pas! Ben venait de parler à son père question de confirmer la chose, tout le monde n’en revient pas, c’est quand même rare de nos jours. Ben me dit, il se pourrait que tu en ailles un toi aussi… Tant qu’à moi jusqu’à preuve du contraire je n’ai rien! Je finis par sortir de la tente, ouf j’ai mal aux jambes et ma cheville droite me fait mal, je marche difficilement. On finit par se diriger vers le lac Supérieur, notre prochain défi. C’est une autre journée très chaude, Ben et Mali se baignent dans le lac Supérieur, en passant l’eau est extrêmement froide, malgré la chaleur je ne me suis pas baignée. Le Grand Portage une étape difficile que je suis fière d'avoir accomplis avec mes hommes, je vous aimes!
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Paddling HomeSuivez-nous dans nos préparations de notre grand voyage l'été prochain. Nous allons pagayer de Edmonton à Montréal en canot! Archives
March 2016
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